CHATEAUROUX AIR STATION

1952 - 1967


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Châteauroux District

Philippe Charigot

1987

 

>> Fiche film Allociné


Signé Philippe Charigot, Châteauroux District est un film surfant sur la nostalgie de la présence américaine dans la capitale de l'Indre. Si Gérard Depardieu est absent de la distribution, on ne s'étonne pourtant pas de trouver le nom de son frère, Alain, au générique, en tant que producteur. Les frères Depardieu ont en effet connu la présence américaine à Châteauroux, leur ville d'origine. Comme le relate Paul Chutkow dans sa biographie consacrée à Gérard Depardieu, c'est grâce aux GI's qu'Alain et Gérard découvrent le jazz, le rock'n'roll, mais aussi le marché noir et l'argent facile.

Pas étonnant donc qu'Alain Depardieu ait produit ce film qui, s'il est loin d'être un chef d'oeuvre, dépeint toutefois "l'après-base américaine à Châteauroux" et le vide quasi sidéral laissé par le départ de l'US Air Force en 1967.

La trame de fond est assez classsique, surtout dans le cadre des bases américaines en France. Châteauroux, milieu des années quatre-vingt : Carole, une jeune apprentie coiffeuse d'une petite vingtaine d'années, élevée par une mère célibataire, découvre qu'elle est la fille d'un Américain jadis basé à Châteauroux, et non d'un aventurier français parti finir sa vie en Afrique, comme le lui avait dit sa mère.

Dès lors, Carole se met à rêver d'Amérique et entame une enquête devant lui permettre de récolter des témoignages sur son père, sa mère refusant obstinément de lui en parler.
Son enquête la mène chez Harper, un autre Américain, jadis ami de son père, et compère de marché noir. Partis ensemble au Viet-Nam, Harper est revenu seul s'installer à Châteauroux à la fin de la guerre. Pourtant, l'homme n'est guère fréquentable, pas moins avenant et ne souhaite pas franchement s'étendre sur les trafics menés vingt ans auparavant avec Greg, le père de Carole.

"Bebop" (Guy Marchand), flic castelroussin peu conventionnel, amoureux de jazz et de sa mère - et jadis ami avec son père - apporte alors son concours à Carole afin d'éclairer certaines zones d'ombres. Avec l'aide de Jérôme, son petit ami, notre shampooineuse parvient finalement à démêler le faux du vrai au sujet des relations complexes entre Harper et son père. Peut-être parviendra-t-elle à retrouver la trace de son géniteur?

Malgré certaines longueurs et des scènes sonnant un peu faux, Châteauroux District met en évidence le vide nostalgique émanant des rues castelroussines délaissées par les GI's suite à la fermeture de la base, qui fut jadis le premier employeur de la région! Le film s'ouvre intelligemment sur quelques minutes d'images d'archives et d'une narration permettant au néophyte de recontextualiser l'histoire liant Châteauroux aux soldats Américains. Plusieurs flashbacks permettent également de mettre en évidence le contraste entre l'atmosphère jazzy des bars bondés de GI's à l'époque de la présence américaine, et la vacuité des même lieux devenus glauques vingt ans plus tard, avec pour seuls vestiges de cet âge d'or un juke box, un billard et l'omniprésent Coca-Cola.

La découverte de ses origines par Carole est un peu téléphonée, comme si elle avait attendu ses vingt ans pour monter au grenier et ouvrir la malle à souvenirs trônant bien en évidence au milieu de la pièce... Hormis ce détail et parfois une conviction perfectible des acteurs, Châteauroux District traite d'un double sujet de fond lié aux bases de l'OTAN en France: les régions souvent sinistrées après le départ des Américains en 1967, et les enfants nés d'idylles entre des jeunes femmes françaises et des GI's opportunistes.

A noter qu'en plus de quelques prestations au saxophone, Guy Marchand interprète également le générique de fin de ce film. On retrouve l'acteur sept ans plus tard, à l'affiche d'un autre film lié à la présence américaine en France : Le nouveau monde, d'Alain Corneau.

 


Jaquette de Châteauroux District, de Philippe CHARIGOT.

 
 
 

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Dernière mise à jour : 8/11/14

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