CHATEAUROUX AIR STATION

1952 - 1967


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DEPARDIEU

Paul CHUTKOW

Editions Belfond
ISBN 2.7144.3153.4

 

Cette biographie de Gérard Depardieu, parue en 1994, nous dépeint la vie de l'acteur depuis son enfance, jusqu'à sa participation au film 1492 de Ridley Scott. Que la vie de l'acteur ait continué à être riche d'aventures et d'anecdotes depuis la parution de ce livre nous importe ici assez peu, puisque c'est uniquement l'enfance et l'adolescence de Depardieu qui justifient que ce livre figure dans la bibliographie consacrée à Châteauroux Air Station.

Gérard Depardieu est en effet un enfant de Châteauroux ; il y est né en 1948. La présence de milliers de militaires américains de 1950 à 1967 a ainsi bercé toute son enfance, son adolescence et jusqu'au début de sa vie d'adulte, le baignant pour le meilleur et pour le pire dans une atmoshère très empreinte d'Amérique et l'exposant très tôt au rêve américain, lui qui grandissait dans une famille très pauvre. La deuxième des cinq parties de ce livre est consacrée à la période castelroussine de la vie de l'acteur, et revient largement sur ses souvenirs, notamment ceux liés à la présence américaine.

Comme tous les jeunes berrichons de son âge, le jeune Gérard est fasciné par l'American way of life qui transpire de la base de Châteauroux. Il rêve aux merveilles renfermées dans le mythique PX et se passionne pour les stars du cinéma US... Il confie à son biographe : "J'ai tout absorbé. J'étais comme à bord d'un porte-avions sur une mer inconnue".

Passablement livré à lui même durant son enfance et son adolescence, c'est donc tout naturellement qu'avec son grand frère Alain, il recherche le contact des Américains et se lie d'amitié avec plusieurs GI's qui lui permettront d'accéder souvent à la base, caché dans le coffre de leur voiture, pour aller y faire du patin à roulettes.

On apprend au passage que le grand-père maternel de Depardieu, Xavier Marillier, était pilote dans l'armée de l'air française. Originaire du Jura, il fut muté à Châteauroux, sur la base aérienne de La Martinerie, peu après l'armistice de juin 1940.

C'est du chapitre 5 ("Des pennies tombés du ciel") jusqu'au chapitre 7 ("Larguer les amarres" - correspondant au départ de Depardieu pour Paris) que cette biographie nous en apprend le plus sur la nature des interractions entre l'acteur et les GI's de Châteauroux.
Paul Chutkow rappelle ainsi brièvement le contexte historique et les origines de l'implantation de la base américaine de l'OTAN de Châteauroux, la révolution économique et culturelle induite, et le pouvoir de facsination ou d'aversion exercé par les Américains sur la population locale.

Dédé Depardieu, le père de Gérard, travaille semble-t-il brièvement à la base, parmi de nombreux emplois en dents de scie, jalonnant une carrière chaotique. Quant à Gérard, il fait ses premières armes aux côtés des GI's en grande partie au "Joe from Maine", le fameux snack-bar de Joe Gagné - une institution castelroussine - sorte de terre d'asile américaine pour de nombreux soldats en quête d'une Budweiser ou d'un burger "comme à la maison". Le jeune Gérard Depardieu, s'évadant dès que possible d'un domicile familial trop exigu, fréquente souvent l'établissement, ainsi que divers night-clubs et boîtes de strip-tease, tantôt y buvant et y sympatisant avec des GI's, tantôt s'y bagarrant ; le nombre d'altercations augmentant en même temps que l'alcoolémie des clients.

Quittant l'école à treize ans, Gérard Depardieu entre comme apprenti dans une imprimerie. Durant les postes de nuit, il a notamment régulièrement la charge de comopser les plaques pour imprimer The CHAD News, le journal de la base américaine. Parallèlement, pratiquant la boxe, il participe à des matches organisés sur la base, et découvre des infrastructures sportives qui l'éblouissent, tant la cave où il s'entraîne habituellement est miteuse. Face à cette opulence à portée de main et au quotidien matériellement difficile des Castelroussins, Depardieu et son frère, comme beaucoup de Français ayant accès aux bases américaines à l'époque, se lancent dans le marché noir : "Nous volions d'énormes bidons d'essence à la base" confie-t-il à Paul Chutkow.

A l'instar de beaucoup d'autres jeunes mâles français, Depardieu expérimente également l'amertume de ne même pas pouvoir rivaliser avec les GI's pour séduire les jeunes berrichones qui n'ont d'yeux que pour les Américains dans leurs décapotables chromées, leur contant monts et merveilles...

C'est un an et demi avant la fermeture de la base, à l'automne 1965 que la période castelroussine de la vie de Depardieu s'arrête. A cette époque, il décide en effet de se lancer dans le théâtre, et quitte le Berry pour "monter" à Paris. Par la suite, il ne revient plus que rarement à Châteauroux et, malgré des débuts difficiles, finit par rencontrer le succès que l'on connait.

Ironie de l'histoire, en 1976, dans le film René la canne, Depardieu campe un petit délinquant qui se livre au trafic de marchandises volées dans un PX américain! De l'aveu même de son biographe, eu égard au passé de l'acteur, ce rôle lui va comme un gant!

Si elle n'apprend pas grand chose sur la vie et le fonctionnement de la base en elle-même, cette biographie permet néanmoins de se rendre compte de l'influence que les Américains ont pu avoir sur les populations locales, à travers l'illustre exemple de Gérard Depardieu. Pour approfondir cette thématique, la biographie de Depardieu est à rapprocher de US Go Home, de Jean-François DONNY, ou encore de Chronique des années cinquante dans l'Indre, de Jean-Pierre MULLER.


NOTA : Page 91, l'auteur fait référence à une monographie consacrée à "l'expérience américaine à Châteauroux" par une chercheuse locale, Valérie BESSET. Il s'agit de l'opus anglophone The American Forces in Châteauroux, édité sous le nom de Valérie PROT.


4e de couverture de Depardieu, de Paul CHUTKOW.

 
 
 

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Dernière mise à jour : 7/02/15

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